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Comment les rongeurs communiquent-ils ? Un langage secret bien structuré !

Les rats et les souris, deux des rongeurs nuisibles les plus répandus en France, ne se déplacent jamais au hasard. Ils vivent en groupes organisés et disposent d’un véritable langage multisensoriel : sons, odeurs, postures corporelles… Ces signaux leur permettent de collaborer, de signaler un danger, ou d’indiquer une source de nourriture. Comprendre comment les rongeurs communiquent entre eux peut vous aider à repérer les signes d’une infestation avant qu’elle ne prenne trop d’ampleur.

Organisation sociale des rats et souris : une colonie bien hiérarchisée

Ces deux espèces vivent en groupes sociaux hiérarchisés, surtout chez les rats où l’organisation est très marquée :
-Le mâle dominant contrôle les déplacements, les zones de nourriture, les accouplements.
-Les subordonnés, appelés dominés, suivent des règles hiérarchiques strictes.
-Les jeunes apprennent rapidement à adopter les bons comportements grâce à l’observation et à l’imitation.
Même les souris, qui vivent parfois en plus petits groupes, adoptent des règles de cohabitation claires.

C’est cette structure sociale bien rodée qui permet aux rongeurs de collaborer, de s’alerter en cas de danger, ou encore de partager l’accès à la nourriture.

Comment les rats et les souris communiquent entre eux ?

Les rats comme les souris utilisent plusieurs canaux de communication complémentaires :

-Des sons inaudibles : les ultrasons
Les rats et les souris communiquent entre eux grâce à des ultrasons, c’est-à-dire des sons à haute fréquence, inaudibles pour l’être humain. Ce langage sonore, bien que discret, joue un rôle essentiel dans leur organisation sociale.
Dès leur plus jeune âge, les bébés rongeurs émettent des ultrasons pour signaler leur détresse. Ces cris attirent la mère, qui vient immédiatement les récupérer et les réchauffer. Ce réflexe contribue à la survie des petits et renforce le lien entre la mère et sa portée.
Chez les rats adultes, certains sons atteignant 50 kHz sont produits lorsqu’ils jouent, interagissent ou sont stimulés de manière positive. Ces vocalisations, que les chercheurs qualifient parfois de “rires” de rats, traduisent un état émotionnel positif (source : https://www.amnh.org/explore/news-blogs/rodent-vocalization-behavior).
Les souris mâles, quant à elles, émettent de véritables “chants ultrasoniques” pendant la période de reproduction. Ces séquences complexes, spécifiques à chaque individu, servent à séduire les femelles et jouent un rôle clé dans le choix du partenaire.

Bien que totalement inaudibles pour nous, ces sons sont au cœur de la vie collective des rongeurs. Ils permettent de maintenir la cohésion du groupe, d’exprimer des émotions ou de coordonner certaines actions, comme la reproduction ou la fuite face à un danger.

-Des messages invisibles : les phéromones
Les rats et les souris ne se contentent pas de communiquer par le son. Ils utilisent aussi des phéromones, des substances chimiques qu’ils déposent dans leur environnement, principalement via l’urine, les glandes anales ou la peau.
Ces messages olfactifs, imperceptibles pour l’homme, sont pourtant essentiels pour coordonner la vie du groupe. On parle même parfois de “langage chimique”.
Les phéromones permettent notamment de :
-Marquer un territoire pour signaler une présence ou interdire l’accès à d’autres. Ce marquage s’effectue via l’urine ou les sécrétions des glandes génitales, et peut également servir à guider les autres individus vers un lieu sûr ou une ressource
-Indiquer une source de nourriture, en déposant de l’urine le long du trajet retour vers le nid,
-Reconnaître les membres du groupe, grâce à des signatures olfactives spécifiques,
-Déclencher la reproduction, chez les femelles prêtes à s’accoupler,
-Alerter en cas de danger, via des phéromones de stress ou « d’alarme ».

Des études scientifiques ont identifié certains composés chimiques émis par les rats stressés, comme le 4‑methylpentanal ou l’hexanal (source : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25512532/ ). Ces substances, bien que présentes en très faibles quantités, suffisent à provoquer une réaction immédiate de peur ou de fuite chez leurs congénères. Chez les souris aussi, des molécules semblables peuvent déclencher des comportements défensifs.

– Langage corporel des rongeurs : postures et comportements sociaux
Chez les rongeurs nuisibles, le corps est un outil de communication à part entière. Grâce à des gestes, des postures et des contacts physiques, rats et souris expriment leurs intentions, leur statut hiérarchique, voire leurs émotions.

Voici quelques exemples de signaux courants :
-Claquements de dents, dos arqué, poils hérissés : signes d’agressivité ou de menace.
-Posture basse, oreilles rabattues, immobilité : signe de soumission.
-Toilettage mutuel, contact museau contre museau : moyens de renforcer les liens sociaux au sein du groupe.
-Fuite rapide ou comportement d’immobilisation soudaine : réaction au stress ou à un signal d’alerte (comme une phéromone de danger).
Chez les rats en particulier, ce langage corporel est très structuré, en lien avec leur hiérarchie sociale. Les dominants imposent leur présence par des postures et des mouvements spécifiques. Les subordonnés ou dominés, eux, adoptent une attitude effacée pour éviter le conflit.

Comment les rats et les souris signalent un danger à leur groupe ?

Lorsqu’un rat ou une souris perçoit un danger, qu’il s’agisse d’un bruit, d’un piège ou d’une intrusion humaine, il ne fuit pas simplement : il alerte discrètement les autres membres du groupe.
Ce signal d’alerte peut prendre plusieurs formes :
-Des ultrasons de détresse, inaudibles pour nous, sont émis pour prévenir les congénères. Ces sons provoquent une réaction immédiate chez ceux qui les entendent.
-Des phéromones de stress sont libérées, notamment via l’urine ou les glandes spécifiques. Chez les rats, des molécules spécifiques ont été identifiées comme déclencheuses de peur chez les autres individus.
-Des comportements visibles, comme une immobilisation soudaine (réflexe de gel), une fuite rapide ou une posture d’alerte, peuvent suffire à alerter l’ensemble du groupe.

Grâce à cette combinaison de signaux sonores, chimiques et comportementaux, la colonie réagit en quelques secondes, ce qui rend toute tentative de piégeage aléatoire si elle n’est pas bien pensée.

Comment les rats et les souris se transmettent une source de nourriture ?

À l’inverse, lorsqu’un rongeur découvre un accès à de la nourriture, il partage aussi l’information. Mais cette fois, les signaux sont positifs et orientés vers l’exploitation collective de la ressource.

Voici comment ils s’y prennent :
-Le rongeur marque son trajet de retour avec de l’urine, déposant ainsi une trace chimique que ses congénères pourront suivre facilement. Ce marquage fonctionne comme un fil d’Ariane olfactif.
-Il emprunte plusieurs fois le même itinéraire, créant des pistes bien visibles, souvent le long des murs ou des plinthes.
-Une fois de retour dans le nid, il peut aussi échanger des signaux chimiques lors de contacts directs avec d’autres membres du groupe, notamment par un comportement de frottement museau contre museau. Les autres peuvent ainsi « sentir » ce que le rongeur a mangé.

Ce système de communication permet à toute la colonie de profiter rapidement d’une opportunité alimentaire, renforçant l’efficacité du groupe… mais compliquant aussi les stratégies de contrôle.

Chez les rats et les souris, chaque son, odeur ou posture peut transmettre une information cruciale au groupe. Ce langage structuré leur permet de réagir en temps réel à leur environnement : éviter un piège, fuir un danger ou exploiter rapidement une source de nourriture. Comprendre ce système de communication, c’est aussi mieux saisir comment ces rongeurs s’organisent pour survivre… parfois juste sous notre nez.

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